lundi 3 décembre 2012

Pro-et anti avortement : deux visions de la vie en totale opposition

Article du journal SUD OUEST

Samedi, 900 personnes ont manifesté, dénonçant la teneur du Colloque pour la vie initié par Mgr Aillet

Les manifestants se sont retrouvés places Clemenceau puis Bellevue samedi.

Les manifestants se sont retrouvés places Clemenceau puis Bellevue samedi. (photo jean -daniel chopin)


Une petite salve de pétards et deux fumigènes lancés aux portes du Bellevue n'ont entravé en rien la tenue des débats qui se déroulaient dans l'auditorium du bâtiment. Tandis que, dans une ambiance feutrée et studieuse, s'exprime Mgr Tony Anatrella, spécialiste en psychiatrie sociale et connu pour ses positions contre l'homosexualité, dehors, plusieurs centaines de voix scandent « Liberté, égalité, laïcité, sexualité ».
Il est un peu plus de 12 h 30 samedi matin. Une heure et demie plus tôt, plus de 900 personnes (selon la police) ont répondu à l'appel du Collectif pour les libertés de choix, regroupant une trentaine d'associations de tous bords, pour dénoncer, non pas la tenue, mais la teneur du Colloque international pour la vie.
Lequel, initié par Mgr Aillet, évêque de Bayonne, réunissait vendredi et samedi au Bellevue des personnalités et activistes « pro-vie » autour du thème de « la défense et la promotion de la valeur et de l'inviolabilité de la vie humaine, de la conception jusqu'à la mort naturelle ».
Quatre thèmes contestés
Les quatre tables rondes sur des thèmes définis ont fait salle comble. Un comble précisément pour Michèle Berthier, membre du Planning Familial et porte-parole du Collectif : « Il faut traduire ce qui se cache derrière les intitulés des tables rondes pour comprendre que l'Église remet en cause la laïcité et les lois. Ainsi pour ''l'opinion publique et sa sensibilisation'', il faut entendre campagne contre le mariage pour tous. Pour ''les politiques et leur interpellation'', il s'agit ni plus ni moins d'ingérence dans les affaires de l'État. La question ''santé et promotion de la vie'' se positionne contre l'avortement et la contraception. Quant à ''l'éducation des jeunes à l'amour'', il s'agit d'amour hétérosexuel exclusivement. Il faut savoir aussi que les intervenants à ce colloque ne sont pas des enfants de chœur. Certains représentent l'Opus Dei. Nous ne pouvons accepter qu'une minorité, contestée au sein même de l'Église, nous vole nos droits et les promesses du gouvernement. »
Les idées défendues par le collectif pro-choix se retrouvent sur les banderoles et pancartes : « J'aime ma prochaine », « Non à la LGV, oui à l'IVG », « Je ne suis pas qu'une orientation sexuelle », « Jésus aussi a deux papas ». D'autres sont destinés à Mgr Aillet : « Seigneur, Aillet pitié de lui », « Arrêtez de pine Aillet », « Occupe toi de tes messes, pas de mes fesses ».
La famille du XXIe siècle
« Nous sommes en démocratie, tout le monde a le droit d'avoir un avis, souligne Ana, Bayonnaise de 29 ans. Mais pas d'imposer sa vision des choses. Aillet, via son colloque, a le droit d'exprimer ses idées mais, nous, nous devons rester vigilants au nom de nos libertés et de nos valeurs. »
« Ce n'est pas l'idée que je me fais de la religion, regrette Benoît, son ami. Une religion, quelle qu'elle soit, doit être ouverte et vivre avec son époque. Ce colloque montre, qu'hélas, certains préfèrent le conservatisme. »
Parmi la foule, se sont glissés de nombreux élus locaux, dont les deux députées PS, Sylviane Alaux et Colette Capdevielle.
Cette dernière, en tant que membre, à l'Assemblée nationale, de la commission Mariage pour tous, explique que « ce projet de loi n'est pas anodin. Il va permettre de se mettre en conformité avec les réalités sociologiques, quand bien même il réveille de vieux démons et un certain conservatisme dans notre pays. Au XXIe siècle, il n'y a plus un modèle de famille, mais plusieurs. Le législateur doit s'adapter à cette réalité. De même que la proposition de loi sur la procréation médicale assistée (PMA) est prête, demain il faudra débattre sur la gestion pour autrui (GPA). Cette manifestation, face à ce colloque à Biarritz, est légitime. L'Église ne peut interférer dans les affaires de l'État. »

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